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Au coeur de

la Chevalerie

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par Mikaël

Le chemin de chevalerie, en tant qu’il est essentiel aux âmes qui sont qualifiées pour y être admises et s’y accomplir, est éternel.

 

Etant éternel, son actualité est sans cesse impérieuse.

 

La chevalerie est comme le baptême chrétien du service et de la défense du juste : le vrai donc le bien qui sont les Commandements de Dieu. 

 

Le baptême, en effet, puisque la chevalerie s’enracine dans la foi et les sacrements chrétiens dont sont signés les hommes et les femmes qui s’inscrivent, en accomplissement de leur vocation, dans la filiation de cette voie initiatique héroïque ; voie singulière où le spirituel et l’engagement guerrier s’unissent en un ministère unique.

 

Baptême qui transfigure le guerrier, non plus seulement comme celui qui a reçu l’initiation des armes telle qu’elle s’est présenté sous diverses modalités à travers les civilisations, mais comme un Miles Christi : un soldat, un chevalier du Christ.

 

Les Ordres chevaleresques nés en Terre Sainte, au premier chef desquels l’Ordre du Temple, l’Ordre de Saint-Lazare de Jérusalem et l’Ordre de Saint Jean de Jérusalem en sont les exemples les plus achevés : moines et chevaliers pour le premier ; moines, chevaliers et hospitaliers pour les deux autres.

 

Aujourd’hui comme jadis, des hommes et des femmes sont appelés selon cette vocation.

 

Quelle qu’en soit la modalité, le chevalier mène un combat dans le champ de bataille du monde physique mais au retentissement dans les mondes angéliques où il s’unit au combat des anges de lumière contre les anges déchus, Satan et ses Légions.

 

Ce combat est d’abord une croisade intérieure contre ses propres ennemis, les ennemis de l’âme : les passions, les dérèglements et pesanteurs de toutes natures dont tout être (hors les saints) est à la fois prisonnier et complice.

 

C’est ainsi une guerre spirituelle contre l’Adversaire et ses anges noirs qui assaillent et corrompent les hommes, tentant de souiller et d’asservir l’ensemble de la création.

 

Mais il arrive aussi que cette guerre selon et pour l’Esprit se poursuive militairement ici-bas, comme cela fut nécessaire dans l’Histoire pour combattre des puissances vouées aux forces obscures du Malin alliées à la férocité d’hommes dénaturés et, pour certains, possédés. C’est plus que jamais d’actualité, quel que soit les masque protéiformes sous lesquels agissent ces hommes et ces puissances.

 

En ces temps de confusion et de perversion mentales, morales, intellectuelles, culturelles et spirituelles dans lesquels nous sommes plongés depuis déjà longtemps mais qui s’accentuent à une vitesse vertigineuse, cette voie chevaleresque est plus que jamais le témoignage vivant des valeurs dont sont porteurs ceux qui ont fermement répondu à cette mission particulière à laquelle ils ont été appelés.

 

Leur état d’être et les œuvres qu’il induit sont alors non seulement un acte juste et donc efficient quelque en soit l’issue « en ce monde » mais aussi - et avant tout - une action de grâce.

 

Cette affirmation n’a rien qui puisse surprendre.

 

L’accomplissement de toute vocation est un amen à la divine Volonté qui propose toujours sans imposer jamais ; elle remplit l’être de joie et de force parce qu’elle le révèle à lui-même, lui donnant ainsi de connaître son vrai visage, tel que Dieu l’a créé et le voit in aeternitate, et l’invite à se réaliser : à être - librement - celui qu’il doit être idéalement.

 

Autrement dit, accomplir ici-bas le paradigme de soi-même tel que le Seigneur l’a conçu de toute éternité pour notre suprême bien et l’harmonie de toute la création.

 

Voilà l’essence même de la vraie liberté de ceux que l’on appelle « les enfants de Dieu ».

 

Il s’agit, dans la voie chevaleresque comme dans toute voie spirituelle authentique et selon le modus operandi qui lui est propre, pour celui ou celle qui est adoubé(e) de (re)prendre conscience de sa personne créée, nommée et connue de Dieu mais qui, depuis la chute, lui demeure encore inconnue, comme obscurcie ou oubliée. 

 

Non seulement d’en prendre conscience, de s’y éveiller (de s’y réveiller pourrait- on dire aussi), mais surtout de coopérer, en conséquence, au Salut du monde comme y invite le Christ à travers tout l’Evangile.

 

La chevalerie est un état, un état ontologique, qui implique et exige la participation au combat eschatologique, chacun selon sa mesure exprimée par les tracés et les « couleurs » de son blason.

 

Le blason du chevalier (ses armes, parce qu’elles le défendent et l’affirment tout à la fois) incarne sa vocation singulière au sein de la fratrie chevaleresque et, à l’instar du feu pour émailler les couleurs ou pour forger le métal, révèle et « fixe » ses potentialités et sa geste, laquelle s’inscrit avec humilité mais résolument dans le service du Christ et du prochain qui en est, à chaque rencontre, le visage humain.

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C’est pourquoi la capacité héraldique signe naturellement, c’est-à-dire consubstantiellement, la vraie noblesse d’un être et pourquoi elle est si intime à l’âme chevaleresque qui fut d’ailleurs la première à porter des armoiries.

 

Au sein du chemin en Christ, on doit impérativement comprendre cette puissance héraldique, sœur jumelle de la chevalerie : le blason est une révélation (aux deux sens du mot) de cet inconnu à lui-même ; comme un miroir tendu devant le chevalier s’il sait y porter les yeux dans la lumière de l’Esprit. Alors, il se découvre, et plus profondément et plus bouleversant encore, il se reconnait.

 

Avant toute « action d’éclat » personnelle, les armes traduisent l’humble désir d’inscrire sa vie dans la Lumière du Seigneur, de servir selon les charismes reçus en prenant appui et essor aux moments les plus difficiles en ce blason qui reflète, comme une image anticipée, le nom secret que Dieu a inscrit pour chacun sur le caillou blanc dont parle l’Apocalypse de saint Jean. Et que nul autre ne connaît si ce n’est Dieu et celui à qui il a été donné.

 

Au sens théologique du terme, mystère du face à face entre le Créateur et chaque homme parce que d’abord mystère de l’Image et de la Ressemblance dont le blason ici-bas est un miroir, une icône, un arpège et un parfum.

 

Mystère de la vocation unique de chacun au sein de la fratrie humaine, unique et complémentaire tout à la fois.

 

Et, au plus ultime, mystère de l’Amour de Dieu (Agapè).

 

 

 

Mikaël

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