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Roger CARO :

un alchimiste au XX° siècle

​

par AL

Roger Caro consacra toute sa vie à l’édification d’une œuvre alchimique, ésotérique, philosophique et religieuse. Il fut ainsi radiesthésiste, thaumaturge et alchimiste. Il instaura, en 1971, l’Ordre des Frères Aînés de la Rose+Croix, dont les travaux étaient axés sur la voie du cinabre. Parallèlement, en 1972, et considérant que l’oratoire était aussi important que le laboratoire, il fonda et fut le patriarche de l’Église de la Nouvelle Alliance qui deviendra l’E.U.N.A (Église Universelle de la Nouvelle Alliance) en 1984.

 

 

I – L’homme

 

Roger Caro vint au monde le 30 janvier 1911 et le quitta le 16 janvier 1992. Natif de Marseille, il passa son enfance à Jurançon où ses parents possédaient une modeste filature. L’incendie qui la détruisit les ruina. Revenus en Provence, ceux-ci furent dans l’impossibilité d’assumer les études de leur fils. Celui-ci dut les arrêter dès le secondaire. Roger Caro fut alors, à l’instar d’un Péladan, un autodidacte avide de connaissances.

Il exerça par conséquent les professions les plus variées pour subvenir à ses besoins, notamment celle de coiffeur et de caissier. Devenu commis aux écritures, il suivit avec acharnement des cours du soir pendant cinq ans. Il obtint les diplômes d’État qui lui permirent de devenir aide-comptable, comptable, puis chef-comptable. Il progressa jusqu’à devenir gérant de société (Les Carrières Laetitia). Il effectua son service militaire en 1932 et 1933 dans les Chasseurs alpins. Le 15 octobre 1938, il épousa Marie Thérèse Gabrielle Court, née le 26 juin 1909 à Arles. 

De cette union naquirent deux enfants, Maryse née le 22 avril 1942, et Daniel, en 1945. En 1947, un drame le frappa cruellement. Sa femme mourut prématurément le 1er décembre de la même année. À la suite du décès de sa bien-aimée, il choisit de confier sa fille à son père et de garder son fils avec lui. Précisons que son père résidait à Marseille avec son épouse, son frère et sa demi-sœur, que Roger Caro avait sauvée de la déportation. Après ce choc, il se lança dans l’étude de la radiesthésie et la thaumaturgie. En effet, un jour, d’après Jacques Trielli, alors que son fils était malade et qu’il se désespérait de la mort de sa conjointe, celle-ci lui apparut en esprit et lui dit : « Ne te désespère pas, je vais t’apprendre à soigner les enfants. Tu feras des passes magnétiques comme ceci … et tu prononceras  “que la guérison vienne” si tu opères le jour et “que la maladie s’en aille” si tu opères la nuit ». Dès le lendemain, son fils fut guéri. L’esprit de sa femme, qu’il appelait RI, le poussa à se former à la radiesthésie. Il commença à l’étudier de façon approfondie et manifesta rapidement des dons dans ce domaine. Ce fut le véritable point de départ de sa quête ésotérique. Il construisit même des appareils détecteurs. Il fonda ensuite un Centre de radiesthésie ainsi qu’une revue, Le Lien. Puis, il rencontra Madeleine Lemaître, née en 1912. Il l’épousa civilement le 20 octobre 1951 et religieusement le 22 octobre 1951 en l’Église Saint-Michel à Marseille.

En 1953, il publia son premier livre, Succès pendulaires, recueil de procès-verbaux de ses succès en radiesthésie. Il fut suivi, en 1954, du Traité de thaumaturgie pendulaire, axé sur le développement et l’analyse commentée des phénomènes radiesthésiques. Roger Caro acheva cette trilogie en 1955 par un Cours de thaumaturgie en sept leçons, révélant les bases spirituelles sur lesquelles s’appuie la radiesthésie. Il évolua ainsi d’une radiesthésie purement physique à une thaumaturgie spiritualiste, puis une thaumaturgie métaphysique. Pour lui, la clé principale de la thaumaturgie était triple : concentration, désir, foi. 

 

En 1958, il abandonna son métier de gérant et adopta le statut  d’« écrivain – conférencier », afin de se consacrer uniquement à l’écriture et à sa propre maison d’édition, les Éditions Roger Caro.  Il s’établit aux Angelots, à Saint-Cyr-sur-mer en 1965. 

Il s’adonna alors corps et âme à sa quête alchimique. Il déclarera : « L’Alchimie que l’on veuille ou non, est une réalité. Nier le phénomène de la transmutation, c’est nier l’évidence ». Ses recherches devinrent publiques en 1960 et il publia, en 1961, le Dictionnaire Alchimique de Kamala-Jnana. Notons que pour beaucoup, Kamala-Jnana et Roger Caro ne sont qu’une seule et même personne et que Kamala-Jnana fut l’un des pseudonymes qu’il utilisa. Poursuivant ses travaux, il édita, en 1967, Pléiade Alchimique, Concordances alchimiques en 1968 et Tout le Grand-Œuvre photographié en 1968 également. En 1970, il sort son livre le plus connu, le fameux Legenda des Frères Aînés de la Rose+Croix, ouvrage qui lui demandera plusieurs années de recherches. Sa notoriété allant grandissante, il recevait chez lui de nombreux visiteurs, « cherchants » en alchimie.

 

En 1971, il instaura l’Ordre Souverain des Frères Aînés de la Rose+Croix qui deviendra, en 1984, le Sanctuaire d’Études des F.A.R+ C. Parallèlement, il fonda, en 1972, l’E.N.A (Église de la Nouvelle Alliance), rebaptisée, en 1984 également, L’E.U.N.A (Église universelle de la Nouvelle Alliance). Ces deux associations étaient régies par la loi de 1901. 

Paradoxalement, le développement et le rayonnement de ces deux organisations causèrent nombre de soucis à Roger Caro. Leur succès engendra, comme souvent, querelles, rivalités, chocs d’ambitions.

Il décréta, en 1983, que le dirigeant de son Église ne serait plus obligatoirement et simultanément un F.A.R+C ni même un alchimiste. Mais les dissensions dureront jusqu’à sa mort, survenue le 16 janvier 1992, et ce, au point que son fils Daniel décida de dissoudre les associations juste après son décès. Actuellement, celui-ci, via les Éditions de Massane, a entrepris la réédition d’une partie des œuvres alchimiques de son père. De même, ces trois premiers livres sur la radiesthésie viennent d’être réédités par les Éditions Deecoopman.

 

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II – Les Frères Aînés de la Rose+Croix.

 

Roger Caro publia, comme nous l’avons vu, le Legenda des Frères Aînés de la Rose Croix en 1970. Il prétendait, par ce livre, en apportant des preuves, qu’il avait existé un ordre rosicrucien dès le XIVe siècle, soit bien avant les manifestes rosicruciens de 1614 /1616 et même avant 1445, date avancée par Alexandre de Dánann, en ces nouveaux travaux parus aux Éditions Archée. D’après Roger Caro, les fondateurs des F.A.R+C furent d’anciens templiers, ce qui ne veut pas dire qu’ils étaient les continuateurs des templiers. Lorsque le dernier Grand Maître, Jacques de Molay fut brûlé vif, le 18 mars 1314, certains d’entre eux purent échapper aux griffes de Philippe IV le bel et se réfugièrent en Angleterre. Au sein de ces fugitifs se trouvait Guidon de Montanor, alchimiste notoire. Il prit pour disciple et instruisit de sa sainte science Gaston de la Pierre Phœbus. En 1316, 28 compagnons retournèrent à Avignon et se mirent sous la protection du pape Jean XXII, celui étant convaincu que « ces nobles gentilshommes possédaient le secret des secrets ». Quatre d’entre eux étaient fort avancés dans le domaine alchimique. En contrepartie de cette protection, le Saint-Père leur demanda de l’instruire en alchimie. Il leur suggéra même de ne se consacrer qu’à cette sainte science, de la perpétuer et de constituer une Fraternité. Ce fut chose faite le 2 décembre 1316 et ils décidèrent de la nommer Frères Aînés de la Rose+Croix. Le successeur de saint Pierre proposa alors à Gaston de la Pierre Phœbus de revenir en Écosse pour recruter de nouveaux adeptes. Il accepta, mais à son retour, son groupe fut attaqué par des pillards près du Mans. Il n’y eut que cinq survivants qui purent rejoindre Avignon.

 

En reconnaissance de son dévouement, Gaston de la Pierre Phœbus fut promu premier Imperator de l’Ordre à titre posthume. Son successeur fut Jacques de Via, neveu du pape. Mais il mourut empoisonné le 6 mai 1317. Le troisième Imperator fut l’alchimiste Guidon de Montanor, désigné par ses compagnons alors que Jean XXII espérait nommer à sa place le frère de Jacques de Via, Arnaud. 

Guidon de Montanor fut le premier à véritablement exercer la fonction. Le nombre de 33 adeptes fut rapidement atteint et ne devait pas être dépassé, comme le stipulait l’article 5 de la règle de l’Ordre. Ils décidèrent de rester 17 ans auprès de Jean XXII. Le Conseil Suprême se réunit alors le 26 juillet 1333 en la commanderie templière de Montfort-sur-Argens, sise dans le Var. Au plus fort de ce moment solennel, les 33 adeptes échangèrent des serments quant au respect des règles de l’Ordre (qui comprenait 39 articles) et reçurent des instructions pour enseigner l’alchimie suivant la tradition primordiale. Les frères se dispersèrent ensuite de par le monde. S’ensuivit une lignée ininterrompue de Grands Maîtres, et ce, jusqu’à 1992, Grands Maîtres soigneusement choisis en tant que véritables Adeptes et dirigeants d’organisations initiatiques les plus prestigieuses. Après le décès de Pierre Phœbus / Roger Caro, le siège d’Imperator demeura vacant.

 

Précisons le rôle spécifique de Roger Caro. Ainsi, en août 1968, Jean-Jacques d’Ossa, sentant la mort approcher, décida de désigner son successeur de son vivant. Son choix se porta sur Roger Caro.  Il réunit le Conseil Suprême des Sages d’Ajunta et il le proposa. Il fut élu à l’unanimité et prit le nom de Pierre Phœbus. Roger Caro rénova et redonna vie aux F.A.R+C. En effet, de nombreux adeptes avaient quitté ce monde et n’avaient pas été remplacés. Il nomma de nouveaux frères et, face à l’afflux de candidats, il fonda une association de type loi 1901 le 16 janvier 1971, pour reconstituer le Temple Philosophique du Soleil. Ce temple, dirigé par un initié de grande expérience, avait pour objectif d’éprouver les « cherchants » en alchimie, qui venaient frapper à la porte de l’Ordre. S’ils donnaient satisfaction, si la sincérité de leur engagement était avérée, alors les nouveaux disciples pouvaient commencer le cursus des Frères Aînés de la Rose+Croix. Celui-ci était composé de sept degrés. L’initiation au 1er degré portait sur la fabrication du sel, celle du 2e degré concernait la « préparation », celle du 3e degré avait pour objet la putréfaction et le sceau d’Hermès. Le 4e degré se rapportait à la Végétation et l’Albification, le 5e degré concernait les couleurs jaune et orangé. Le 6e degré était en rapport avec la rubification. Enfin, le 7e et dernier degré avait trait à la Multiplication et la Transmutation.

 

La voie alchimique prônée par Roger Caro et les F.A.R+C était celle du cinabre. Celle-ci se décomposait en six phases opératives : la Pré-préparation, la Préparation, Solve, Coagula, Multiplication, Projection.

La première, la Pré-préparation, concernait la fabrication du sel. La durée de ces travaux n’était pas déterminée et ne dépendait que des conditions de travail de l’opérateur. On pouvait faire préparer du sel par ceux ayant une grande expérience de la chimie, mais dans ce cas, cela impliquait qu’il fallait l’abreuver de Spiritus Mundi, pour le rendre canonique.

 

La deuxième phase est en fait la première phase du Grand Œuvre. La Préparation consiste à broyer des blocs de Materia Prima dans un mortier puis de mettre cette matière pilée avec de l’eau philosophale dans l’athanor, en appliquant le cinquième feu. Sous l’effet de la chaleur, les trois corps se séparent en deux groupes. Le corps sulfureux reste dans l’athanor tandis que les corps salin et mercuriel sont recueillis dans un réceptacle. La durée de cette phase est de deux mois philosophiques.

La troisième phase du magistère de la voie du cinabre est la deuxième phase du Grand Œuvre : Solve. Celle-ci comprend deux stades : la putréfaction et la végétation. Durant cette phase apparaissent les granulations, le corbeau et le sang du dragon ainsi que la couronne d’or, l’herbe sans racine, etc. Solve est une phase s’étalant sur huit mois philosophiques. 


La quatrième, c’est Coagula, troisième phase du Grand Œuvre. D’une durée de seize mois philosophiques, elle contient trois degrés de feu durant lesquels apparaissent les couleurs blanche, orangée et rouge. Notons que c’est à la fin de ce stade qu’apparaît la première Pierre au rouge. Celle-ci ne sera dotée de vertus que si elle passe par la quatrième phase du Grand Œuvre qui est la Multiplication. 

 

La Multiplication est la dernière phase du Magistère. Cette cinquième étape consiste à épurer davantage la matière en considérant la « granulation »  exactement comme s’il s’agissait de la minière primitive. Précisons que plus le nombre de multiplications est élevé, plus on augmente la force de la poudre de projection. Le temps de fabrication se trouve alors réduit à deux mois philosophiques.

 

L’ultime phase, la sixième, est la Projection. En effet, en jetant de la poudre lunaire ou solaire, enrobée de cire d’abeille, dans du plomb ou du mercure en fusion on provoque la transmutation. 

 

N’oublions pas que dans tout ce processus, l’influence de l’esprit de l’opérateur sur la matière est fondamentale, ce qui expliquerait la réussite de Roger Caro grâce à ses dons thaumaturgiques et l’échec de la majorité de ses élèves. Car, comme l’a magistralement exprimé Paracelse, «nul ne peut transmuter s'il ne s'est transmuté lui-même ». De fait, la Materia Prima a une fréquence harmonique spécifique à laquelle vient se superposer la propre vibration de l’esprit de l’alchimiste. Si toutes ces vibrations sont harmoniques, il y a alors résonance. Ainsi, une véritable réaction énergétique se produit, permettant le dégagement de l’énergie divine universelle contenue dans la Pierre Philosophale. 

 

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Liste des Imperators des F.A.R+C, selon Roger Caro :

 

1. Gaston de la Pierre Phœbus (1313)

2. Guidon de Montanor

3. Henri de la Pierre Phœbus (1339-1348)

4. Pas de nom cité dans le Legenda

5. Hélion de Villeneuve (Imperator pendant cinq ans)

6. Yves Lancel de l’Isle du Val de Vegre

7. Grimaud de Bouvier, dit le »Duc » (1356-1367)

8. Gaëtan des Pins (1367-1372), petit-fils d’Odon des Pins, provençal et Grand Maître de l’Ordre de Jérusalem

9. Raymond de Temple (1372-1380)

10. Thibaut de Montfort, seigneur de Rotro et de Gênes (1380-1383)

11. J-Ferdinand de Heredia, Aragonais et Grand Maître de Rhodes (1383-1396)

12. Ludovic des Pins (1396-1418), Imperator français

13. Bergues (pseudonyme) (1418-1427)

14. Simon d’Arville (1427-1437)

15. Jehan Cholet, membre influent des chevaliers de Rhodes (1437-1454)

16. Jehan de Lastic, auvergnat, Grand Maître de Rhodes (1454-1461)

17. Gilles Rivault, sieur de Kerissac (1461-1479)

18. J-B Orsini, Grand Maître des chevaliers de Rhodes (1479-1484)

19. Frère Hugues Verdala de Tolose (1484-1503)

20. Souchon (1503-1518)

21. Cardinal Philippe de Luxembourg (1518-1519)

22. Honoré de l’Isle, Seigneur du Val de Vegre (1519-1527)

23. Du Coin (1527-1550)

24. Sieur de Rollans (Famille des Rivault) (1550-1565)

25. Jehan de Senectaire (1565-1576)

26. Philippe de la Pierre Phœbus (1576-1582)

27. De Paul (1582-1583)

28. Triscontin de Reard (1583-1598)

29. Jean de la Buissonnière de la Renaudière (1598-1602)

30. David Rivault (1602-1607)

31. Mgr Charles de Beaumanoir (1607-1613)

32. Jehan de Pelissier d’Apt, prélat également (1613-1623)

33. Robertus de Fluctibus (Robert Fludd) (1623-1630 ?)

34. Camus, seigneur de Peypin ou de Puypin (1630-1637)

35. V.Depaul (1637-1647), d'après les notes transmises, il semblerait qu’il s’agisse de saint Vincent de Paul.

36. Dave Gloxim, médecin renommé (1647-1649)

37. Christophorus Angranus (1649-1653)

38. Jehan Pelissier, seigneur de Pierrefeu (1653-1687 ?)

39. Baron de la Pierre (1687-1687 ?)

40. Jacques Hermite, seigneur de Maillane (1687-1697)

41. Comte de Roure (1697-1706)

42. Sœur Marie de Lubac, 1ère femme nommée Imperator (1706-1729)

43. Joseph-Jacob Maupeou (1721-1782)

44. André Pelissier, seigneur de Chantereine (1732-1745)

45. Louis-Lantelme Chassalier (1745-1763)

46. M. Pourtal (1763-1772)

47. Gérard de la Pierre (1772-1800)

48. Jean Minvielle (1800-1811)

49. Vasconcellos (1811-1846)

50. Mgr. J-B Bouvier (1846-1849)

51. Sir Edward Bulwer-Lytton (1849-1865)

52. Éliphas Lévi (Alphonse-Louis Constant) (1865-1874)

53. William Wynn Westcott (1874-1892)

54. Sir Leigh Gardner (1892-1898)

55. Docteur Steiner (1898-1900)

56. A. Croweey (Irlandais) (1900-1916)

57. Jean-Jacques d’Ossa, Évêque missionnaire romain (1916-1968)

58. Pierre Phœbus (Roger Caro) (1969-1992)

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III – L’Église Universelle de la Nouvelle Alliance

 

Parallèlement aux F.A.R+C, Roger Caro fonda une petite église, l’Église de la Nouvelle Alliance (E.N.A), au sein de laquelle les F.A.R+C se retirèrent officiellement en 1972. D’après sa succession apostolique, cette petite église prit naissance dans l’Église catholique romaine, mais aussi dans l’Église arménienne uniate. L’Église de la Nouvelle Alliance puise ses sources dans les textes originels des quatre évangiles, dans les Actes des apôtres, les Épîtres et les décisions conciliaires des Premiers Pères de l’Église, jusqu’en 1054, date de la séparation des Églises d’Orient et d’Occident. Roger Caro se réclama également du Temple, même s’il précisa qu’il n’en était pas le continuateur. En effet, en septembre 1972, il révéla à Armand Toussaint qu’en se plongeant « dans les archives de notre vieille Église F.A.R.C., j’ai pu, grâce aux documents primitifs que nous possédons, mettre sur pieds non seulement tous les canons qui régissent l’ex-Église Templière, mais les rituels touchant les offices et la célébration des sacrements. » 

Roger Caro prit la décision de fonder cette Église, car les 33 Frères Aînés étaient tous catholiques pratiquants. De fait, deux fois par an, ceux-ci se réunissaient à St-Cyr-sur-Mer, et la séance débutait par une messe. Comme il n'y avait aucun religieux parmi les 33 F.A.R+C., à chaque fois, il fallait faire appel à un prêtre de l’extérieur. Mais cela cessa, et l’ordre herméneutique n'avait plus de messe. Cependant, Roger Caro ayant fait paraître de nombreux articles sur la théologie tant orthodoxe que romaine (instruit par Mgr Dahane et par le Professeur Mohlberg de Rome au Vatican), il reçut un jour une lettre de Belgique émanant du Primat de l’Église Rosicrucienne Apostolique. Celle-ci descendait en ligne directe de St-Evode, premier Évêque consacré par St-Pierre à Antioche. Ce prélat, Armand Toussaint, lui expliquait qu'il avait suivi tout son cheminement religieux, ainsi que ses articles sur l’Art Royal, et surtout, s’il le désirait, qu’il était prêt à venir à St-Cyr pour lui donner les Ordres et en faire son représentant en France. Précisons qu’Armand Toussaint dirigea de 1933 à 1970 la branche belge de l’Association rosicrucienne de Max Heindel, dont il se sépara pour fonder, en 1971, la Fraternité rosicrucienne. Consacré évêque gnostique, il a également instauré l’Église Rosicrucienne Apostolique (E.R.A), elle-même à l’origine de la filiation épiscopale de l’Église de la Nouvelle Alliance. Armand Toussaint joua aussi un rôle de premier plan au sein des F.A.R+C.

 

Après un échange épistolaire particulièrement constructif, l’accord fut conclu, et le 10 juin 1972, Mgr Armand Toussaint (alias Raymond Panagion) se rendit en France et donna les Ordres mineurs et majeurs à son représentant en France, Roger Caro. L’organisation de Roger Caro prit pour nom « Église de la Nouvelle Alliance » tout en étant sujette de l’Église R+C de Belgique.

Mais, lorsqu’elle devint autonome, il y eut de profonds changements. La Messe de St-Pie V se substitua à celle donnée par Mgr Toussaint, et le Pontifical succéda aux Rubriques que le groupe avait précédemment. L’E.N.A devint ainsi catholique, suivant le Droit romain pour tout ce qui concerne la Rituélie, les Sacrements, les Prières, les Offices, etc. Elle conservait malgré tout le Droit gallican pour tout ce qui était administratif.

L'E.N.A fut enregistrée le 12 octobre 1972 à la préfecture de Toulon et parut au Journal Officiel le 19 du même mois. Le 15 août 1973, elle fut admise au «Collège Épiscopal des Archevêques et Évêques du Siège de l’Église Catholique gallicane », dont le Patriarche était Mgr Patrick Truchemotte, décédé le 12 décembre 1986.

 

L'E.N.A étant œcuménique, Mgr Caro échangea des consécrations Sub Conditione avec de nombreux prélats amis, ce qui permit la réalisation de 32 intercommunions. Du coup, il fut titulaire d'une vingtaine de successions apostoliques et prit pour certaines le nom de Stephanos. Par exemple, dans le cadre de la succession apostolique de Simon-Pierre par le siège d’Antioche, Mgr Toussaint, le consacra le 10 août 1977, assisté de Marcel Jiroussek.

À son tour, Roger Caro consacra, entre autres, Jean-Pierre Charlet (sous le nom de Jethro) et Maurice Auberger (sous le nom de Thephorenai) le 22 octobre 1972. Le 16 septembre 1973, ce fut Yves Petit, comme évêque de la Martinique. Denis Claing fut consacré le 16 septembre 1973, comme évêque du Canada, sous le nom de Petrus de Lumine. Philippe Laurent de Coster, fut consacré le 4 juin 1974, comme évêque de Belgique, sous le nom de Philippus-Laurentius. Edmond Georges Gras le fut le 21 octobre 1978, comme archevêque de Provence de l'Église Gallicane et Grand Maître de l'Ordre des Chevaliers du Temple sous le nom de Joseph d'Ionie. Roger Caro consacra également Jacques Trielli le 17 avril 1981, assisté de Charlet et d’Auberger, comme évêque de la Nouvelle Alliance. Il consacra aussi Jacques Bersez, le 25 novembre 1984, comme évêque de l'Église Catholique Gallicane, vicaire apostolique pour l'Afrique, etc.

 

Enfin, patriarche de son Église, Roger Caro avait deux patriarches coadjuteurs, respectivement pour les branches catholique et orthodoxe. Mais si sa doctrine était proche de celle de l'Église catholique, il y avait des divergences notamment la croyance en la réincarnation, et au niveau sacramentaire, car les femmes étaient ordonnées à tous les ministères. L’Église de la Nouvelle Alliance ne fut donc pas reconnue par l'Église. En 1984, l’E.N.A devient l’E.U.N.A, l’Église Universelle de la Nouvelle Alliance. À la mort de Roger Caro, en 1992, l’association fut dissoute par son fils. Précisons que celui-ci, élu co-patriarche en 1983 et destiné à prendre la succession de son père, la refusa en 1988 et démissionna.

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Ainsi, radiesthésiste, thaumaturge et alchimiste, Roger Caro œuvra toute sa vie avec un seul objectif : « démontrer à un monde matérialiste la suprématie de l’Esprit sur la matière. » Sa quête lui permit de démontrer que l’Esprit peut transmuter la matière. Ce que corrobore Jean-Pierre Giudicelli de Cressac Bachelerie lorsqu’il révèle en son ouvrage Pour la Rose Rouge et la Croix d’Or : « Ayant été personnellement chargé de la formation de la collégiale Al Kimia, Imperator adjoint, et mentionné dans le Legenda des Frères Aînés de la Rose+Croix, ayant passé des années de recherches sur cette voie, j’ai pu constater, et le responsable des images photographiées pourra en témoigner, que l’Imperator avait des possibilités sur la matière. »

 

 

Œuvres de Roger Caro / Pierre Phœbus : 

 

Roger Caro, Succès pendulaires, Préface de M. Auberger, Marseille, chez l’auteur, 1953. (Réédité aux Éditions Decoopman en 2009).

 

Roger Caro, Traité de Thaumaturgie pendulaire, Marseille, chez l’auteur, 1954. (Réédité aux Éditions Decoopman en 2009).

 

Roger Caro, Cours de thaumaturgie en sept leçons, Marseille, chez l’auteur, 1955. (Réédité aux Éditions Decoopman en 2009).

 

Roger Caro, De la valeur des lois en radiesthésie, Marseille, chez l’auteur, 1955.

 

Dictionnaire de philosophie alchimique, (par Kamala-Jnana), Charlet, 1961. (Réédité aux Éditions de Massanne en 2009).

 

Roger Caro, Les miracles ont aussi leur loi, St-Cyr-sur-Mer, chez l’auteur, 1966.

 

Pléiade alchimique. 7 documents inédits sur le Grand-Œuvre par les Maîtres d’Ajunta suivis de deux essais sur la pierre philosophale par Roger Caro, St-Cyr-sur-Mer, chez l’auteur, 1967.

 

Tout le Grand Œuvre photographié, Clichés de Kamala-Jnana, commentaires des clichés par Roger Caro. Préface de l’Imperator des FAR+C. Postface de Theophoreonai, St-Cyr-sur-Mer, chez l’auteur, 1968. (Réédité aux Éditions de Massanne en 2008).

 

Concordances alchimiques. 5 textes hermétiques par Roger  Caro suivis de 7 documents inédits sur le Grand-Œuvre par Kamala-Jnana et les maîtres d’Ajunta, préface de Serge Hutin, St-Cyr-sur-Mer, chez l’auteur, 1968. (Réédité aux Éditions de Massanne en 2009).

 

Roger Caro, Legenda des Frères Aînés de la Rose-Croix. Origine templière de l’Ordre. Ses contacts avec la franc-maçonnerie, l’Ordre de Malte et divers mouvements rosicruciens. Suivi de la Promesse des Sages, des 7 degrés initiatiques menant à l’Adeptat, de l’œuvre royale de Charles VI. Préface de Lilian Wetzel, St-Cyr-sur-Mer, chez l’auteur, 1970. (Réédité aux Éditions de Massanne en 2009).

 

Roger Caro, Rituel F.A.R+C et deux textes alchimiques inédits… suivi de « vérité sur les descendants des anciens rois de Chypre », St-Cyr-sur-Mer, chez l’auteur, 1972. 

 

Pierre Phœbus, Église de la Nouvelle Alliance. Cours de théologie à l’usage des séminaristes, St-Cyr-sur-Mer, chez l’auteur, 1973.

 

Roger Caro, Messe solennelle de l'Église de la nouvelle alliance ou Messe de saint Pie V, chez l’auteur, 1974.

 

Roger Caro, Pourquoi l’Église de la Nouvelle Alliance ne peut être romaine, chez l’auteur, 1974.

 

Pierre Phœbus, Histoire et « successions apostoliques » de l’Église de la Nouvelle Alliance / Catéchisme de l’Église de la Nouvelle Alliance, 1974.

 

Pierre Phœbus, Pontifical et cérémoniaire des évêques de l’Église de la Nouvelle Alliance (rite catholique romain traditionnel), s. l., 1975.

 

Roger Caro, La messe Tridentine, les censures ecclésiastiques, l’infaillibilité du pape, l’après-mort - résurrection, le sacerdoce féminin, 1977.

 

L’Église primitive.

 

Informations sur l’Église de la Nouvelle Alliance.

 

Roger Caro, Quelques extraits de « droit canonique » pour bien gouverner l’Église, chez l’auteur, 1990.

 

Roger Caro, Histoire de l’Église de France, depuis l’occupation romaine à la révolution suivi du sacerdoce féminin et du mariage des prêtres, chez l’auteur, 1990.

 

Roger Caro, Aeloim ou la clé alchimique du Siphra di Tzeniutha, (en coll. avec Armande de la Reborie), St-Cyr-sur-Mer, chez l’auteur, 1991. Réédité aux Éditions du Sphinx sous le titre Traduction alchimique du Siphra di Tzeniutha de Moïse. 

 

Roger Caro, Bible, science et alchimie, Éditions du Sphinx, 1996 (à titre posthume). Réédité aux Éditions de Massanne en 2004.

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